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Pass Culture : la Commission des Finances du Sénat dresse un bilan négatif de sa mise en place

Le 11 juillet 2023, un rapport de la commission des finances du Sénat a publié un bilan sur le Pass Culture. Ce dispositif vise à offrir une somme de 300 euros à tous les jeunes venant d’avoir 18 ans. Généralisé en mai 2021, il présente encore de nombreux défauts.
19 mars 2024 par
Pass Culture : la Commission des Finances du Sénat dresse un bilan négatif de sa mise en place
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Faciliter l’accès à la culture en autonomie. Cet objectif définit le Pass Culture. Mais le constat est sans appel pour la commission des Finances du Sénat : la mission a échoué pour le dispositif généralisé en mai 2021.

Toujours les mêmes habitudes de consommation

Selon le rapport de deux sénateurs sur le bilan du Pass Culture, les jeunes adultes dépensent majoritairement leurs 300 euros disponibles dans les livres, dans les cinémas et dans les concerts.

Marie Gaudefroy, responsable achats à la librairie Martelle à Amiens, confirme. « Tous les libraires sont ravis du Pass Culture, c’est une aubaine pour nous. Il permet de fidéliser les jeunes, mais aussi d’attirer de nouvelles personnes qui ne seraient pas venues sans », explique-t-elle.

Au contraire, peu de bénéficiaires investissent dans les musées ou dans les spectacles vivants. « Il a peu d’impact dans nos ventes, c’est juste un nouveau moyen de paiement », déplore Élise Raout, directrice des relations publiques à la Comédie de Picardie.

Même si tous s’accordent pour dire que l’initiative est louable, le Pass Culture n’aura pas réussi à faire changer les habitudes de consommation. Les jeunes non-scolarisés ne sont que très peu présents sur l’application.

Un manque de communication et d’organisation

La faute à une communication trop faible. Élise Raout pointe un « manque d’informations sur ce dispositif de la part des établissements scolaires et de l’État. Il faudrait envoyer un courrier, un mail… en même temps que la carte d’électeur par exemple »« Je n’ai pas l’impression que tout le monde est au courant. Il y a peu de médiatisation », expose Maëlle, étudiante et bénéficiaire du dispositif.

Au-delà du manque de renseignements, certains jeunes ne peuvent accéder à l’ensemble des activités proposées. En cause : les inégalités territoriales. « Le Pass Culture perd de sa pertinence quand il est déployé dans des « zones blanches », marquées par l’absence d’infrastructures culturelles ou par des difficultés d’accès au numérique. Un travail sur cet accès doit ainsi être opéré, notamment en milieu rural », dévoile le rapport de la Commission des Finances.

L’organisation fait également défaut. « Il n’y a pas de règles claires. Certains magasins proposent de la papeterie, d’autres non. Dans certains cas, on peut ajouter un produit sur l’application, dans d’autres magasins, ce n’est pas possible », rapporte Maëlle. Même constat du côté des prestataires« C’est une charge qui rajoute de la logistique. Dans notre cas, c’est à nous de remplir toutes les informations, contrairement aux cinémas par exemple pour qui tout est automatisé », explique Élise Raout.

Depuis son lancement il y a deux ans, le Pass Culture a permis de casser la barrière tarifaire pour l’accès des jeunes à la culture. Cependant, il faut constater que d’autres obstacles, plus profonds, se dressent en travers de sa réussite. L’État devra sans aucun doute s’en inquiéter s’il veut vraiment faciliter l’accès de tous à la culture en autonomie.



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